« C’est aujourd’hui une course contre la montre, dans un contexte où d’autres pays en ont déjà fait une priorité affichée ». Suite à la présentation du rapport de Cédric Villani en avril 2018, Frédéric Valletoux, président de la FHF, mettait l’accent sur l’urgence de miser sur le potentiel « révolutionnaire » de l’intelligence artificielle pour le secteur hospitalier.
Dans un baromètre publié en novembre dernier, Ernst & Youg dresse un état des lieux de l’intelligence artificielle au sein des CHU. 76 % des directeurs de CHU placent l’intelligence artificielle comme un axe prioritaire de leur établissement. 95 % des professionnels en espèrent des effets positifs sur leurs conditions d’exercice. Pour ces professionnels, le principal enjeu demeure l’identification des domaines où l’intelligence artificielle apporterait ses principaux bénéfices. Parmi les principales attentes : « libérer du temps pour les tâches à valeur ajoutée » (81%) ou encore « augmenter la rapidité et la fiabilité de la prise de décision » (81%). Les principaux freins identifiés aujourd’hui par ces professionnels demeurent l’ « absence d’expertises spécialisées » (67 %) et la perception des projets, jugés complexes (57%).
Une inquiétude à laquelle répond l’émergence de projets associant institutions, startups, universités et professionnels de santé. L’association Traumabase, l’AP-HP, le CNRS, l’École des hautes études en sciences sociales, l’École polytechnique et Capgemini Invent ont récemment annoncé le lancement du projet TrauMatrix, afin de développer des outils d’aide à la décision pour la gestion des patients atteints de traumatisme crâniens au cours des premières 24 heures.
Autre exemple : l’AP-HP a annoncé en octobre dernier un partenariat avec Owkin, start-up française spécialisée sur le machine learning, sur des projets de recherche sur l'oncologie, l'immunologie et la cardiologie, « pour améliorer la prise en charge des patients et faciliter le développement de nouveaux médicaments »
Du côté des CHU, des initiatives sont remarquées : en janvier dernier, le CHU de Bordeaux s’associait à la startup Synapse permettant à un médecin de bénéficier « des dernières informations, toujours à jour, concernant l'usage des médicaments dans un contexte donné ». En avril, le CHU d’Amiens, expérimentait l’utilisation de l’intelligence artificielle pour optimiser la gestion des lits aux urgences.
Si les professionnels attendent une transformation majeure, une crainte demeure : la perte des liens sociaux, redoutée par 62% des répondants à l’enquête d’Ernst &Young. Dans un livre blanc de janvier 2018 listant une série de recommandations sur médecine et intelligence artificielle, le Conseil national de l’Ordre des médecins introduisait par ailleurs : « Nous pensons que la médecine comportera toujours une part essentielle de relations humaines, quelle que soit la spécialité, et ne pourra jamais s’en remettre aveuglément à des « décisions » prises par des algorithmes dénués de nuances, de compassion et d’empathie ».
Observatoire Santé, le 16 Décembre 2019
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