Soutenue par les effets du confinement, 2020 marque un tournant pour le secteur de la santé numérique. Dans une récente analyse, Crunchbase, plateforme d'information sur les actualités des entreprises, chiffrait l’investissement dans le secteur à 14,2 milliards sur l’année, au niveau mondial.

Le 4 décembre dernier, le gouvernement annonçait par ailleurs le lancement du projet Paris Santé Numérique, centre d’innovation public / privé, dont l’objectif sera de faire de la France un « leader mondial de la santé numérique ». Quelques jours plus tard, BPI France proposait un mapping des start-up de l’e-santé en France, dans le cadre du Plan Deeptech. Alors que grands groupes et start-up multiplient des innovations toujours plus prometteuses, plusieurs experts et think tank mènent une réflexion sur les conditions nécessaires à un déploiement durable de la santé numérique en France.

Un secteur en pleine effervescence

La santé numérique a été à l’honneur à l’occasion du Consumer Electronics Show, grand salon annuel de la technologie tenu à Las Vegas. L’événement a mis en avant des innovations ambitieuses, touchant des domaines d’application variés. BusinessInsider.fr cite notamment Adibot, un robot autonome capable de désinfecter les hôpitaux à l’aide de lampes UV-C ou encore BioButton, un patch permettant à un individu de mesurer en permanence son état de santé (température corporelle, fréquence cardiaque…). Cette dernière innovation pourrait s’avérer précieuse pour identifier les symptômes d’une infection.

La surveillance des patients à distance est en effet un élément-clé, selon Samir Qamar, médecin généraliste et créateur de MedWand, un outil permettant de mesurer soi-même sa tension ou encore sa température et de transmettre les résultats par informatique : « On a appris que passer du temps dans des salles d'attente avec d'autres patients malades pouvait être problématique et les gens cherchent d'autres moyens de se faire soigner » (Lefigaro.fr)

Peu avant le CES, plusieurs think tank citaient la santé numérique dans les tendances de l’année 2021 (futurascience.com)Le think tank Forrester soulignait le potentiel de l’IoT pour le monitoring à distance, tandis que le dernier baromètre Gartner se concentrait sur l’enjeu stratégique de l’exploitation des données santé.

 

Instaurer une « culture de la confiance » : une nécessité selon plusieurs experts

Si le secteur est en pleine ébullition, des conditions restent à maintenir pour pérenniser l’élan pris par la santé numérique en 2020 en France. Sur le magazine spécialisé What’s Up Doc, Sébastian Suarez Valencia, consultant en analyse des données de la santé, évoque des freins à l’investissement, notamment autour de la régulation du secteur : « La télémédecine est un marché très réglementé par l’État. Par rapport aux USA où l’État régule moins – voire pas du tout, c’est un frein à l’investissement en France ».

Le constat est partagé par l’Institut Montaigne dans le rapport « E-Santé : Augmentons la dose ». Le think tank appelle à « construire un environnement réglementaire et technique propice au renforcement de la filière santé et au développement de solutions innovantes ». L’institut met par ailleurs l’accent sur un point jugé « crucial » : l’instauration d’une « culture de la confiance autour du numérique et des données de santé » (Doctissimo.fr). A la publication du rapport, Laure Millet, responsable santé, appelait ainsi à « mieux communiquer et faire preuve de pédagogie autour des bienfaits de l’utilisation des données de santé ».

Une question également soulignée parmi les recommandations de la Société Française de Santé Digitale et de LIVI, qui voient dans « l’entretien de la confiance » et « le discours bienveillant des autorités et des représentations professionnelles […] la première clé de succès du virage du numérique en santé ».

L’utilisation des données de santé a d’ailleurs fait l’objet de récents débats dans le cadre de la création du Health Data Hub. Alors que le gouvernement avait porté son choix sur Microsoft pour l’hébergement des données du nouveau Hub, la CNIL avait exigé des « garanties supplémentaires pour limiter le risque de transfert vers les États-Unis ». Dans un courrier adressé à la commission (Usinedigitale.fr), le ministre de la Santé et des Solidarités Olivier Véran s’était engagé : « à mettre un terme à l'hébergement par Microsoft du Health Data Hub d'ici deux ans ».

 

Observatoire Santé, le 21 Janvier 2021

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