Les voyages dans l’espace pourraient-ils se démocratiser ? Les attentes sont fortes depuis le périple du premier touriste spatial Dennis Tito en 2001. Selon une enquête de Voyages Pirates en avril 2019, 76% des Français interrogés se disent prêts à vivre cette « expérience unique ». 40% envisageraient même d’y consacrer une dépense de 200 000 euros.

Les perspectives du tourisme spatial semblent se préciser par de nombreuses annonces au cours des derniers mois. En juin 2019, la Nasa annonçait ainsi l’ouverture de l’International Space Station pour 2 voyages privés par an à partir de 2020. Deux sociétés ont jusqu’à présent été habilitées à transporter ces voyageurs : SpaceX, à l’aide de sa capsule Crew Dragon, et Boeing, constructeur du CST-100 Starliner.

La course est également lancée côté constructeurs. La compagnie Virgin Galactic, fondée par le milliardaire Richard Branson, prévoyait ainsi de premiers voyages en 2020, lors l'inauguration de ses quartiers généraux en août dernier au Nouveau Mexique. Coût du voyage : 250.000 dollars pour un vol de 90 minutes. Quelques 600 clients sont à ce jour préinscrits. A noter que l’entreprise annonçait en octobre dernier un investissement de Boeing de 20 millions de dollars pour « faciliter la commercialisation de l’espace » et « élargir l’accès du grand public à de nouveaux modes de transports sûrs, efficaces et respectueux de l’environnement ». Autre acteur de taille : la compagnie Blue Origin, fondée par Jeff Bezos en 2000. Dans une récente interview à CNBC, son PDG Bob Smith annonçait de « premiers vols habités pour 2020 », repoussant d’un an les premières prévisions. La compagnie se réjouissait du succès d’un vol d’essai en décembre dernier.

Encore plus ambitieux, SpaceX prévoit un premier voyage sur la lune à l’horizon 2023, avec à bord de son vaisseau Starship le milliardaire Yusaku Maezawa. Ce dernier lançait d’ailleurs en janvier 2020 un concours sur Twitter pour trouver une compagne de voyage. Au-delà de l’anecdote, SpaceX dévoilait le premier prototype de la « fusée habitée » en septembre 2019. Sur le réseau social, le fondateur de la compagnie Elon Musk affiche l’ambition d’envoyer 1 million de personnes sur Mars d’ici 2050.

Une course contre la montre qui pose néanmoins question auprès de certains experts. Dans une interview à Télérama.fr, Arnaud Saint-Martin, sociologue au CNRS, réagit au projet de SpaceX et dénonce une opération de communication : « C’est du marketing, du capitalisme technologique guidé par la promesse ». Dans une interview à Usbeketrica, Philippe Droneau, directeur des publics de la Cité de l’espace de Toulouse, soulève quant à lui des problèmes éthiques : « Ça questionne énormément la pertinence de développer massivement des vols suborbitaux de loisir, leur coût écologique et éthique, quand on voit déjà les problèmes que soulève l’industrie aéronautique en termes d’émission de gaz à effet de serre ».

Mais les voyages suborbitaux pourraient aussi représenter une opportunité pour le futur des vols longs courriers, selon Bertrand Piccard, à l’origine du projet sur le développement d’avions solaires Solar Impulse. Ce dernier expliquait notamment dans une interview à La Tribune : « une heure de vol pour un Paris-Sydney pour une économie de carburant significative comparée à un vol atmosphérique ». Il prévoit cette évolution d’ici 20 ans, avec un développement de l’électrique sur les courts et moyen-courriers.

 

Observatoire Aérospatial, le 11 février 2020

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