En France, selon le dernier baromètre FAIR – La Croix, la part de l’épargne investie dans la finance solidaire a continué sa progression en 2022, après deux années exceptionnelles.
La finance solidaire permet notamment de soutenir des projets répondant concrètement aux défis majeurs de notre société (accès à l’emploi et au logement pour des personnes en difficulté, projets en lien avec l’agriculture biologique, etc.) tout en faisant fructifier son argent.
Alors que 2022 a connu un contexte économique et géopolitique incertain (guerre en Ukraine, soulèvement en Iran, envolée de l’inflation, hausse brutale des taux d’intérêts des banques centrales, etc.), les chiffres de la finance solidaire ont connu une augmentation sensible « La finance solidaire a enregistré un bon dynamisme l’an dernier, alors que la finance traditionnelle ne s’est pas portée au mieux sur cette période. » Patrick Sapy, Directeur Général de FAIR. En 2022, l’épargne solidaire a en effet connu une progression puisque son encours global a atteint 26,3 milliards d’euros, soit 1,8 milliard d’euros de plus que l’année précédente. L’encours a ainsi progressé de 7,37 % en 1 an et sa part dans l’épargne financière des ménages a également poursuivi sa progression, passant de 0,41 %, en 2021, à 0,45 % en 2022.
La croissance de la finance solidaire peut notamment s’expliquer par la hausse des souscriptions, l’enrichissement des français, le dynamisme de produits particuliers (produits de type livrets tels que le Livret de le Nef, le livret d’Epargne pour les Autres du Crédit Mutuel et du CIC, le livret Agir du Crédit Coopératif et le livret Solidaire du Crédit Mutuel Arkea, collectant au total près de 270M€) ou encore par de nouvelles labellisations (11 produits labellisés Finansol en 2022).
La collecte directe par les entreprises solidaires connaît une bonne dynamique
L’épargne solidaire est collectée par trois canaux distincts, dont le taux de progression varie selon le canal utilisé. L’épargne salariale et l’épargne bancaire restent les deux canaux de souscriptions les plus importants.
La collecte via les banques et les mutuelles d’assurance, canal historique de la finance solidaire, a en effet connu une augmentation de 5,5 %, avec un encours légèrement supérieur à 10 milliards d’euros en 2022 (livret d’épargne solidaire (+ 7,4 %), assurance-vie, compte à terme, etc.). La Nef, le Crédit Coopératif et le Crédit Mutuel / CIC ont à eux seuls collectés près de 250 M€. En revanche, les produits bancaires ont quant à eux connu une croissance plus faible (+ 440 M€ en 2021 et + 190 M€ en 2022).
La collecte via l’épargne salariale solidaire, toujours sur une dynamique soutenue en 2022, a progressé de 8,5 % (soit 1,2 Md€) alors que l’épargne salariale a globalement reculé. Cela peut notamment s’expliquer par la mise en place de dispositifs légaux favorisant la création de fonds d'investissement solidaire et particulièrement d'épargne salariale solidaire, telle que la Loi de Modernisation de l’Economie de 2008, qui étend aux plans d’épargne d’entreprise l’obligation de présenter au moins un fonds solidaire aux salariés. Il semble ici important de préciser qu’aujourd’hui, avec la place importante des fonds d'investissement solidaires dans la finance solidaire, la croissance de la finance solidaire va de plus en plus dépendre de l'évolution de la finance traditionnelle : une majorité des fonds solidaires sont composés de 90% d'actifs côtés, et dépendent, de fait, des fluctuations du marché - si les marchés montent, la finance solidaire en profite et inversement.
D’autre part, la collecte directe par les entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) membres de FAIR (les épargnants souscrivant alors directement au capital d’une entreprise à fort impact social ou environnemental), a elle aussi connu une forte progression. En effet, on note en 2022 une augmentation de 9%, avec près d’1 milliard d’euros collectés (précisément 991 M€ en 2022 et 908 M€ en 2021). Cette tendance à la hausse reflète des évolutions de fond et peut notamment s’expliquer par une plus large diffusion des projets (via les réseaux sociaux et autres plateformes de financement participatif), ainsi que par la volonté des jeunes de se tourner de plus en plus vers des placements qui ont du sens.
Aussi, la quasi-totalité des acteurs de la finance solidaire a connu une croissance de leur encours, bien que cette dynamique soit à nouveau principalement portée par Habitat & Humanisme, France Active, Terre de Liens, etc.
Le montant engagé par les acteurs de la finance solidaire en augmentation
En 2022, le montant total engagé par les acteurs de la finance solidaire s’élevait à 865 millions d’euros, soit une augmentation de 22% par rapport à l’année précédente. 1590 projets à vocation sociale et environnementale ont ainsi été soutenus.
« Les acteurs de la finance recommencent à investir dans des projets environnementaux (+114%), alors que ces derniers avaient été laissés de côté ces dernières années, au profit de projets sociaux (habitat / accès à l’emploi) » - Frédéric Tiberghien, Président de FAIR. Aussi, en 2022, c’est la part des financements orientés vers les activités environnementales qui a le plus augmenté (+114%, soit 27% du total des financements), tandis que la part des financement orientés vers la solidarité internationale diminue à nouveau (-2%, soit 8% du total des financements).
Néanmoins, en dépit de l’augmentation des financements orientés vers les activités environnementales, la majorité des montants placés par les épargnants solidaires a été fléché vers des projets à impact social (60%), avec le logement en première ligne. A titre d’exemple, la construction de logements sociaux à Marles-les-Mines (Pas-de-Calais) a permis à 8 foyers de vivre dans un bâtiment confortable et sobre en consommation d’énergie et d’eau pour un loyer abordable.
Concrètement, ce sont notamment 1 440 personnes qui ont pu être relogées dans l’année grâce à ce financement, 8 381 foyers supplémentaires qui ont été approvisionnés en électricité renouvelable et 80 institutions de microfinance, coopératives agricoles ou encore entreprises sociales œuvrant en faveur de l’accès aux biens et services essentiels qui ont été financées.
Face à la quête accrue de sens, d’impact et d’utilité sociale des épargnants, ainsi qu’avec l’augmentation des innovations sociales et du nombre d’entreprises sociales créées, la finance solidaire devrait continuer à progresser, en alternant des rythmes très soutenus, ou plus modérés selon les années, selon Patrick Sapy. De plus, il s’agit pour les épargnants d’une manière de diversifier leur portefeuille.
L’évolution réglementaire va également dans ce sens, puisque depuis 2022, la loi Pacte a imposé aux assureurs de proposer au moins une unité de compte solidaire dans les contrats d’assurance vie multisupport.
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