Le secteur de l’investissement à impact s’impose au sein des marchés français, où le contexte est de plus en plus favorable à son développement : définition de la finance à impact, nouveaux outils financiers, évolution de la règlementation, expertises dans le domaine, etc.

Selon le GIIIN (Global Impact Investing Network), qui a pour mission de développer le secteur de l’investissement à impact au niveau international, l’investissement à impact peut se définir comme un investissement « réalisé avec l’intention de générer un retour positif, ayant un impact social et environnemental mesurable, tout en assurant un rendement financier ». La finance solidaire, sous-ensemble de la finance à impact, est, selon Fair, « la finance qui relie les épargnants qui cherchent à donner du sens à leur argent à des entreprises et associations à forte utilité sociale et environnementale, qu’ils financeront via la souscription de produits d’épargne solidaire. Ces derniers peuvent souscrire à ces produits via leur banque ou mutuelle d'assurance, via leur entreprise ou directement en optant pour l'un des placements proposés par les entreprises et financeurs solidaires ».

En collaboration avec France Invest, Fair a réalisé un travail mettant en avant l’évolution des positionnements et des stratégies des principaux réseaux nationaux et internationaux d’investisseurs à impact. Ce travail est également une tentative de dimensionnement du marché français de la finance à impact social et une analyse des évolutions des comportements des investisseurs entre 2020 et 2021.

 

Finance à impact social : état des lieux global du marché français

Fin 2021, en termes de stocks, le marché français de l’investissement à impact représentait un encours sous gestion de 6,1 Mds€, contre 4,8Mds€ en 2020, soit une hausse de 28%. Concernant les flux, ce sont 1,6 Md€ d’investissements à impact qui ont été réalisés en 2021, majoritairement sous la forme de fonds propres (dans 38% des cas).

La quasi-totalité des flux d’investissement réalisés par les financeurs à impact social français étaient dirigés vers la France (83 %). Dans le même temps, l’étude montre une légère baisse des financements orientés vers l’Europe (hors France), puisque ces derniers représentaient 19% des flux de financement en 2020 et 11% en 2021.

Concernant l’hétérogénéité de taille des financeurs à impact social, forte depuis des années, celle-ci tend aujourd’hui à décroître peu à peu, à mesure que l’ensemble des acteurs gagnent en importance.

De plus, on note en France une forte proportion d’acteurs qui gèrent de faibles encours (34% des acteurs géraient un encours inférieur à 5 M€ en 2021) et des encours importants (27% géraient alors un encours supérieur à 100 M€). Il convient également de noter que 5 organisations géraient en 2021 49% de l’encours total, faisant du marché un marché fortement concentré.

La catégorie « groupe bancaire » arrive en première position des acteurs ayant le plus de poids (44%), suivie par la catégorie « Société de gestion généraliste » (40%) et « Investisseur / financeur entièrement dédié à l’impact » (35%).

 

L’épargne solidaire : chiffres clés et principaux acteurs

Au total, fin 2021 ce sont plus de 5,3 millions de produits d’épargne solidaire qui ont été souscrits par des particuliers et des investisseurs institutionnels, pour un encours de 24,5Mds€ et représentant une hausse de 26% en un an. Pour rappel, FAIR distingue trois canaux pour l’épargne solidaire : l’épargne salariale solidaire, l’épargne bancaire solidaire et l’épargne collectée en directe par les entreprises solidaires.

Cette hausse s’explique d’abord par la croissance des encours des produits bancaires solidaires, et par celle des encours des FCPE solidaire (Les Fonds Communs de Placement d'Entreprise solidaires, épargne salariale solidaire). Les produits bancaires solidaires sont répartis en trois sous-catégories :

  • Les livrets solidaires, qui ont permis 914 M€ de prêts à des organisations solidaires ou à des particuliers et ont généré 2,9 M€ de dons à des associations sur l’année ;
  • Les OPC (organismes de placement collectif), qui ont connu une croissance de 49% sur l’année ;
  • Les contrats d’assurance-vie.

La grande majorité de cet encours provient de l’épargne salariale (57,5%), qui a augmenté de 21% sur l’année. Cette croissance de l’épargne salariale est soutenue par deux lois récentes : la Loi de Modernisation de l’Economie (2008), et la Loi PACTE, qui a notamment prévu la constitution du nouveau Plan Epargne Retraite ainsi que la baisse du forfait social pour les TPE-PME en cas de mise en place d’un dispositif d’épargne entreprise.

Si l’on considère l’ensemble de l’épargne solidaire, Natixis-Mirova détiennent 20,6% des parts de marché (respectivement collecteurs et gérants d’épargne solidaire), suivis des groupes Crédit Agricole (collecteur) et Amundi (gérant). On note également une grande progression pour le Groupe Crédit Mutuel (6,1% des parts de marché), qui s’explique par la performance de ses produits labellisés.

 

Evolution de l’épargne de partage et des dons

Selon l’étude, l’encours de l’épargne de partage, principe selon lequel l’épargnant reverse tout ou partie de la performance au profit d’une association, a augmenté de 11% entre 2020 et 2021, pour atteindre 2,8 Mds€ fin 2021. Cela peut notamment s’expliquer par une augmentation des taux d’intérêts, qui les rend plus dynamiques.

L’effet de l’augmentation des taux d’intérêts peut avoir le même effet sur les dons. Aussi, sur la même période, les dons ont augmenté de 10%, principalement grâce aux produits financiers, pour atteindre 4 299 K€ fin 2021. Le nombre de bénéficiaires de dons entre 2020 et 2021 reste le même. Un peu plus de 4,3 M€ de flux de dons ont été versés à 125 associations en France. On note également une forte concentration des dons : sur les 125 associations, 9 ont reçu plus de 100K euros de dons.

 

Investissement des entreprises solidaires en 2021

Grâce à leurs ressources issues de la finance solidaire, les entreprises solidaires ont investi 163 M€ en 2021, contre 104 M€ en 2020. Cette hausse s’explique principalement par l’augmentation de 115% du flux d’investissement des acteurs du logement social. La croissance est majoritairement portée par deux acteurs : Habitat et Humanisme et la SCIC 3 Colonnes. Aussi, en 2021, ce sont 540 nouveaux logements qui ont été réceptionnés à la suite des investissements réalisés par les foncières solidaires de la maîtrise d’ouvrage d’insertion.

Les investissements fonciers en direction des projets liés à la dépendance ont également connu une augmentation, tout comme les foncières agricoles solidaires, alors que les réseaux associatifs de financement et d’accompagnement représentent la seule catégorie d’organisations solidaires ayant connu une diminution de leur flux d’investissement.

 

Financements réalisés hors produits Finansol

Les acteurs de la finance solidaire ont investi 527 M€ de financements en 2021 hors supports labellisés Finansol (en dehors des organisations membres de FAIR), et 40% de ces financements ont été perçus par des organisation à finalité sociale (accès sanitaire et social, accès à la santé, lutte contre l’exclusion, insertion par l’activité économique ou encore accès au logement), soit une très forte augmentation par rapport à l’année précédente (+51%).

Aussi, ce sont environ 1350 associations et entreprises françaises qui ont été soutenues par la finance solidaire en 2021 (57% de sociétés commerciales et 24% d’associations). Une très grande majorité des bénéficiaires sont des structures peu matures (moins de 3 ans).

A l’inverse des activités sociales et de la cohésion territoriale et l’économie de proximité, la part des financements orientés vers les activités environnementales (alimentation durable et filière bio, énergies renouvelables, etc.) a diminué, et c’est la solidarité internationale qui a connu le plus fort dynamisme, avec des volumes de financement qui ont plus de doublé entre 2020 et 2021.

L’agrément « Entreprise solidaire d’utilité sociale » dit « agrément ESUS », est une porte d’entrée pour les entreprises de l’ESS recherchant un accès au financement de l’épargne solidaire ou souhaitant attirer des investisseurs spécifiques. Les organisations agréées ESUS représentaient ainsi en 2021, au sein du financement net d’associations et entreprises solidaires en France, 26% des transactions. Cette même année, la Région Ile-de-France et la Région Auvergne Rhône Alpes - qui poursuit sa croissance en termes de montants de financements -, étaient les deux premières Régions en termes de financement solidaire.

 

Focus sur les produits labellisés Finansol

Selon les données du Label Finansol, en 2021, on dénombrait 16 nouvelles labellisations, dont 6 produits de nouveaux adhérents. Pami eux, on retrouve par exemple le fonds de microfinance ImpaktEU, la SICAV Allianz Epargne Actions ISR Solidaire d’Allianz Global Investors ou encore Novaxia R, premier fonds 90-10 (fonds solidaire) 100% immobilier, qui a collecté près de 300 millions d’euros sa première année. La même année, 7 placements solidaires ont perdu leur label.

D’autre part, toujours selon ces mêmes données, la collecte des produits labellisés Finansol, 2021 a été une année exceptionnelle puisque la croissance de l’encours a dépassé les 5 Mds€, et que l’encours a atteint 24,5 Mds. D’autre part, selon France Assureurs, le stock d’épargne solidaire des unités de compte labellisées Finansol s’élevait à 1,1 Mds€ en fin d’année. Enfin, les membres de FAIR ont investi 146 M€ sur des supports labellisés d’autres membres en 2021, et les organisations sociales ont reçu un peu moins de la moitié des financements réalisés entre produits labellisés Finansol (46 %).

 

2021 a été une année de transformation profonde de l’écosystème de l’impact social en France, qui évolue et se structure : adhésions nombreuses, partenariats inédits entre acteurs financiers, nouveaux entrants sur le segment de l’impact, etc.

Cette tendance devrait se poursuivre en 2023, notamment avec les perspectives offertes par la Loi PACTE qui a renforcé depuis le 1er janvier 2022 l’offre d’investissements responsables des contrats d’assurance vie qui doivent proposer dans leur portefeuille d’unités de compte au moins 3 fonds labellisés : un ISR, un « vert » et un « solidaire ».

Retrouvez l’étude complète derrière ce lien.

 

Observatoire Finance en partenariat avec Fairle 21 novembre 2022.

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