En créant de nombreux problèmes d’approvisionnement, la crise sanitaire a donné un nouvel éclairage au potentiel de l’économie circulaire. « L’une des forces de l’économie circulaire est de permettre de sécuriser ses approvisionnements en ressources et de réaliser des gains économiques », rappelait en juillet dernier Nathalie Boyer, ambassadrice de l’Économie circulaire auprès du ministère de la Transition écologique et solidaire et déléguée générale de l’association ORÉE.

Au sein des dispositifs de l’économie circulaire, les projets d’écologie industrielle et territoriale révèlent un fort potentiel pour les entreprises, tant sur la réalisation d’économies d’échelle, sur la création d’innovations et sur la réduction de leur impact environnemental.

En quoi consiste le principe d’écologie industrielle et territoriale ? S’inspirant des écosystèmes naturels, le concept vise à optimiser la gestion des ressources locales, en transformant les déchets et co-produits d’une activité en ressources pour une autre. Il s’agit également pour les entreprises impliquées de mutualiser des biens, des ressources et des services, limitant ainsi leur impact environnemental. Cette démarche renforce le dynamisme et l’attractivité du territoire, par la valorisation des ressources naturelles locales et par la collaboration entre les acteurs du territoire.

C’est ainsi que le projet CLES, fondé en 2013, a permis la création de synergies entre 26 entreprises implantées dans la zone portuaire de Strasbourg. La démarche vise à « favoriser l’ancrage local », tout en « renforçant la compétitivité des entreprises » et en « réduisant leur impact écologique » sur le territoire. Parmi les 12 synergies mises en œuvre à ce jour, on peut notamment citer la valorisation locale des déchets papiers et cartons, la mutualisation de la mise en concurrence d’achat d’électricité, la valorisation des déchets organiques, ou encore la mutualisation des sessions de formation. Le bilan est extrêmement positif : 220 000 € d’économies par an, 3500 tonnes d’équivalent CO2 évitées par an.

Dès 2016, ORÉE en partenariat avec l’ADEME, proposent un référentiel des performances des démarches d’écologie industrielle et territoriale (ELIPSE). S’appuyant sur ce référentiel, les deux organismes ont pu mettre en lumière quelques grandes tendances de l’écologie industrielle et territoriale en France, via une enquête portant sur 64 structures d’EIT. Ainsi, 93% des participants à l’enquête soulignent l’importance du soutien d’une figure ou d’un portage politique local pour inscrire durablement le projet sur le territoire. Autre chiffre à retenir : au moins 50 % des démarches d’EIT ont permis de développer de nouvelles opportunités de marché, par la création de nouvelles activités mais aussi la stimulation de l’innovation.

A La Rochelle, les synergies créées au sein de la démarche Biotop ont par exemple permis la création de Melting Pot, première solution de toiture végétalisée 100% recyclée. Dans un témoignage repris par l’Ademe, Alexandre Derive, fondateur du projet, mettait en avant le potentiel de l’intelligence collective portée par l’EIT : « Pour des entreprises, l'EIT apporte la preuve qu'en travaillant de manière collective, en fédérant les compétences, les moyens et les idées, on peut aller beaucoup plus loin […] Sous sa bannière les acteurs peuvent explorer un immense champ des possibles et découvrir de nouvelles opportunités de développement. »

Les perspectives sont prometteuses. En juin dernier, une étude Sia Partners évaluait le potentiel pour les entreprises impliquées à 35 milliards d’euros d’ici 2030, dans un scénario où 100 nouveaux projets par an verraient le jour. Néanmoins, si les projets sont de plus en plus nombreux, peu ont atteint un degré de maturité propre à assurer leur pérennité. Pour continuer à développer les démarches EIT et faciliter l’implantation des projets, ORÉE et l’ADEME appellent à renforcer le partage des connaissances et des expertises pour accompagner la montée en compétences des animateurs d’EIT. La sensibilisation des financeurs et la mobilisation des dispositifs de financements restent par ailleurs un enjeu essentiel pour le déploiement de ce modèle, qui contribuera à la mise en œuvre d’une industrie et d’une économie plus compétitives, plus durables et plus innovantes.

 

Observatoire Développement Durable en partenariat avec ORÉE, le 18 Janvier 2021

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