Le confinement a-t-il accéléré la transition vers un système alimentaire plus durable ? En raison de tensions d’approvisionnement classique, la consommation locale a connu un fort développement. Le mouvement a été largement encouragé par des initiatives citoyennes mais aussi par le soutien des territoires. Alors que se pose la question de la résilience alimentaire, communes et collectivités émergent comme des acteurs incontournables pour construire de nouveaux modèles.

Un rôle majeur joué durant la crise sanitaire

Pour pallier les dysfonctionnements des circuits traditionnels, villes et collectivités ont dû innover et adopter de nouvelles mesures. France Urbaine a consacré une étude aux moyens déployés par 30 grandes villes, soulignant ainsi leur potentiel dans la transition alimentaire.

Les villes ont ainsi participé à rapprocher consommateurs et producteurs, à l’aide de cartes interactives et de plateformes. C’est notamment le cas de la démarche BoCal, initialisée par Montpellier Méditerranée Métropole. La plateforme recense les différents producteurs ainsi que les circuits de distribution locaux pour faciliter leur mise en relation avec les consommateurs.

Parmi les autres initiatives menées : l’adaptation des circuits de distribution classiques, en mettant à disposition des espaces communautaires pour l’organisation de drives ou en soutenant des initiatives existantes. L’étude cite par exemple Metz Métropole et la Chambre d’Agriculture de Moselle qui ont travaillé à la mise en œuvre d’un drive fermier sur le parking de la Chambre, suite à la fermeture des marchés. La démarche a mobilisé 25 producteurs et quelques 150 consommateurs.

Pour France Urbaine, villes et collectivités doivent créer et coordonner la « synergie entre acteurs du système alimentaire », en activant les leviers dont elles disposent : « commande publique, restauration collective, aide au redéveloppement des marchés et appui aux circuits de proximité ».

 

Communes et intercommunalités : entre coopération et fédération des acteurs à l’échelle du territoire

Des projets phares ont déjà été mis en place à l’instar du programme alimentation 2030 de Dijon Métropole. Le programme vise à développer la « production agroécologique de 10 à 12% d’ici 2030 », augmenter la consommation de produits locaux ou encore à assurer « une alimentation et un environnement plus sains, à des prix accessibles ».

Autre exemple : le programme de recherche mené par le territoire Grand Angoulême et par l’association Les Greniers d’Abondance pour assurer l’autosuffisance alimentaire en Charente, en établissant un diagnostic détaillé du système alimentaire du territoire. Dans une interview au Monde.fr, Jean-François Dauré, président de l’intercommunalité détaille : « L’objectif, dans les cinq ans à venir, est de nourrir 150 000 habitants en étant capable de résister à des aléas climatiques, à une crise sanitaire ou économique, à la fin du pétrole… »

C’est d’ailleurs cette échelle d’intercommunalité qui est mise en avant par Arthur Grimonpont et Félix Lallemand, cofondateurs des Greniers d’Abondance. Dans le livre blanc Vers la résilience alimentaire : faire face aux menaces globales à l’échelle des territoires, l’association défend la « position privilégiée » des communes et intercommunalités pour « concevoir et fédérer les acteurs locaux autour d’un projet de résilience alimentaire territorial », en raison de leurs compétences : « planification et aménagement urbain, développement économique et agricole, restauration collective, collecte, gestion et prévention des déchets… ». L’association évoque 11 leviers d’action activables rapidement à l’échelle du territoire, tels que « l’augmentation de la population agricole », « la préservation des terres agricoles » ou encore la « simplification de la logistique et l’achat ».

Pour les co-fondateurs de l’association, « c’est tout le système alimentaire qu’il faut réimplanter sur le territoire », en s’appuyant sur la « coopération entre les territoires » : « Chaque territoire a ses avantages et ses particularités […] Il va falloir opérer des arbitrages entre les coûts réels des transports et la productivité des denrées », explique notamment Félix Lallemand, dans une interview à Usbek&Rica. Qui n’exclut pas le rôle de l’échelle nationale et européenne : « des mesures fortes prises au niveau européen ou national permettraient d’accélérer grandement la transition ».

En mai 2020, la délégation à la prospective du Sénat adoptait ainsi le rapport Vers une alimentation durable : un enjeu sanitaire, social, territorial et environnemental majeur pour la France, soutenant « un portage politique plus ambitieux de la transition alimentaire par les pouvoirs publics ». En parallèle la Commission européenne présentait son programme « De la ferme à la table », visant notamment à « préserver la biodiversité » et « garantir aux Européens une alimentation durable et abordable ».

 

Observatoire Agriculture et agroalimentaire, le 22 Février 2021

L'application mobile

Ne perdez pas le fil !

Les observatoires délivrent des publications synthétiques permettant de suivre et de décrypter les grandes mutations en cours avec une vision globale et transversale. Citoyens, étudiants, dirigeants, collaborateurs, territoires : l'objectif est de permettre à chacun de prendre position et de réagir à son échelle en partageant un socle commun d'informations. 

EN SAVOIR PLUS

 

 

 

Partager cet article
Partager sur FacebookPartager sur TwitterEnvoyer à un amiCopy to clipboard