Le secteur de l’e-santé connaît une très forte progression, avec un marché mondial à 234,5 milliards de dollars d’ici 2023, selon une étude du cabinet Frost & Sullivan publiée en novembre dernier.

La récente période de confinement a permis de démocratiser l’usage des outils virtuels dans le secteur, notamment via la télémédecine. L’utilisation de la réalité virtuelle et augmentée dans le domaine de la santé présente de nombreux autres atouts, tant sur l’assistance des chirurgiens et sur la formation des soignants que sur le confort des patients.

Des progrès considérables ont été réalisés en termes d’accompagnement des chirurgiens. En Italie, l’hôpital de Bologne a pratiqué en mars 2020 la première opération de chirurgie augmentée sur la mâchoire d’un patient. Le médecin Giovanni Badiali était équipé d’une visière devant les yeux lui transmettant des données en direct : rythme cardiaque, température, pression sanguine, rythme respiratoire. Pour le Dr Vincenzo Ferrari, coordinateur du projet nommé VOSTARS, la prochaine étape sera d’intégrer des vidéos en temps réel pour suivre en direct les mouvements des outils chirurgicaux.

Autre exemple : le projet de la start-up américaine Vicarious Surgical qui conçoit des mini-robots chirurgiens, permettant la réalisation d’opérations à distance. Grâce à un casque, un chirurgien peut contrôler les bras du robot et suivre l’opération via une caméra lui transmettant les images. Premier projet de robot chirurgical reconnu par le programme Breakthrough Device de la FDA, la technologie offre de nombreux bénéfices : réponse aux déserts médicaux, accès aux spécialistes à des milliers de kilomètres, baisse du coût des opérations.

Au-delà des prouesses chirurgicales, la technologie apporte un véritable confort et un soutien aux patients, à la fois d’un point de vue physique et psychologique. Associant réalité virtuelle et hypnose, la société HypnoVR a ainsi mené une étude de 6 mois sur le potentiel la technologie pour gérer la douleur et l’anxiété. Selon les résultats de l’étude, réalisée sur des enfants ayant subi une chirurgie de scoliose à l’hôpital Hautepierre de Strasbourg, le groupe de patients traités a diminué de moitié la consommation de morphine post-opératoire sur 72h.

Dans les maisons de retraites et centres de rééducation, l’utilisation de la réalité virtuelle se développe par ailleurs pour stimuler la rééducation. Le centre de santé Cooper University Health Care est ainsi récemment devenu le premier hôpital à utiliser un nouveau système de réalité virtuelle pour la rééducation de patients ayant subi un AVC. Le dispositif REAL propose aux patients des exercices interactifs, à l’aide de manettes et capteurs leur permettant de faire évoluer un avatar dans un environnement virtuel. Le thérapeute peut mesurer les progrès du patient en fonction des informations remontées et augmenter ou diminuer le niveau de difficulté des activités.

La technologie apporte également des réponses aux personnes en situation d’isolement, récemment éprouvées par la période de confinement. A l’occasion de la pandémie du Covid-19, la société américaine XRHealth, fournissant des applications thérapeutiques, a annoncé la création d’un groupe de soutien en réalité virtuelle. La technologie a permis de faciliter des interactions « authentiques » et de rompre l’isolement de patients souffrant de sclérose en plaques, maladie de Parkinson ou encore de personnes âgées.

 

Si la réalité virtuelle et la réalité augmentée promettent de formidables avancées dans le domaine de la santé, un cadre juridique reste néanmoins à définir. Lors des rencontres “Catalyse” organisées en juin dernier par l’entreprise Moodify Asbl et le centre de réalité virtuelle bruxellois Livescope, Maître Van Den Driesche, du cabinet Oak Law firm, identifiait 3 piliers à consolider :

  • la prise en compte du principe de précaution et de respect de la vie privée,
  • la responsabilité des fournisseurs de technologies,
  • et enfin les problématiques de propriétés intellectuelles des pratiques médicales.

 

Observatoire Réalité virtuelle et augmentée, en partenariat avec Laval Virtual, le 8 Juillet 2020

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