Bureau de demain : vers un espace d’échanges et de services pour les collaborateurs

L’expérience du télétravail à l’occasion du confinement a en effet engendré de très fortes diminutions des investissements dans les immeubles de bureaux. En juin dernier, l’agence Savills chiffrait cette baisse à 41% depuis le début du confinement, selon Lemoniteur.fr. De même, selon une étude BNP Paribas, 6 locataires de bureaux sur 10 envisageraient de renégocier leur bail, et 4 sur 10 étudieraient une résiliation.

Dès lors, les immeubles de bureaux auraient pour fonction de « cultiver la culture d’entreprise ». « Les collaborateurs y viendront pour rencontrer leurs collègues, travailler sur des projets collectifs, cultiver leur appartenance à l’entreprise… Le siège ne sera plus le lieu de production principal », explique ainsi Franck Eburderie, CEO de l’entreprise spécialisée sur l’aménagement Tétris. Une vision partagée par Flore Pradère, directrice Veille et prospective de JLL : « Le bureau va devenir le camp de base […] un lieu d'échanges, qui permettra l'émergence de l'imprévu et de la création. Ça implique de redimensionner une partie des espaces de travail actuels ». Pour Olivier Estève, Directeur général délégué de Covivio, d’autres formes de travail plus nomades devraient se développer, à l’image des espaces de coworking ou encore du flex office, où les collaborateurs ne sont plus assignés à un bureau fixe.

Dans un souci de bien-être des salariés, les espaces de travail sont amenés à se réinventer pour proposer des services innovants, grâce à une meilleure connectivité. Philippe Morel, co-fondateur de Dynamic Workplace voit l’émergence de « services de mobilités douces, des parkings intelligents, des services de conciergerie et d'animation. Bref, tout ce qui permet de baisser la charge mentale des collaborateurs et de les aider à mieux vivre leur temps de travail ».

Diane de Pompignan, directrice conseil chez Colliers International, observe également cette tendance dans une interview à Welcome to the jungle : « Les entreprises cherchent aujourd’hui à concevoir des bâtiments intelligents, avec des espaces hybrides et des outils performants qui facilitent la vie et le quotidien des collaborateurs ». Elle prend l’exemple du groupe The Edge aux Pays Bas : « Lorsque sa voiture s’approche du bâtiment, il est reconnu et orienté vers une place de stationnement disponible. L’application qui distribue les espaces de travail en fonction des emplois du temps et des besoins des collaborateurs l’invite à rejoindre le bureau le plus adapté. L’éclairage et la température de l’espace est ensuite ajusté en fonction de ses préférences.»

Aure tendance qui pourrait s’accélérer : la transformation des bureaux vacants en logements, notamment dans les banlieues parisiennes. « Ces bâtiments sont pour beaucoup vétustes, ne répondent pas aux nouvelles normes thermiques et énergétiques et ne font souvent pas le plein de locataires. Dès lors, la transformation en immeubles d’habitation semble la solution privilégiée », explique ainsi Defiscalisation.immo. Un point de vue partagé par Marie-Laure de Sousa, présidente de Fnaim Entreprises : « Il est vrai que ces immeubles, obsolètes sur le plan thermique et peinant à trouver des locataires pourraient être de bons candidats à la transformation en logements ».

Avec l’adoption de la loi Elan en novembre 2018, le gouvernement affichait sa volonté de favoriser cette transition et de favoriser la réversibilité des immeubles. Le projet se heurte néanmoins jusqu’à présent à la frilosité des investisseurs, qui estiment manquer de recul quant à la rentabilité d’une telle opération. Une situation à suivre en 2021 selon l’évolution de la crise sanitaire et de ses différentes incidences.

Observatoire Immobilier, le 10 Septembre 2020