Apportant une réponse à une agriculture intensive décriée, la montée des AgTech bouleverse les pratiques du monde agricole. En France, 150 000 km2 de terres sont exploitées à l’aide des informations récoltées par ces nouvelles technologies, selon le cabinet d’étude Invivo. Le secteur est considéré comme le 2e marché de la robotique de service professionnelle, selon la Fédération Internationale de la Robotique.

Les AgTech répondent en effet à des enjeux incontournables : utiliser l’intelligence artificielle et les nouvelles technologies pour optimiser la production alimentaire tout en répondant aux enjeux environnementaux et climatiques. Selon les chiffres de la FAO, la production alimentaire devrait augmenter de 70% d’ici 2050 pour répondre à la demande. Grâce aux données récoltées par capteurs et à l’intelligence artificielle, les professionnels peuvent par exemple identifier les zones menacées (insectes, maladies) afin d’avoir un usage ciblé des produits chimiques. Ces nouvelles technologies favorisent par ailleurs l’automatisation de tâches à faible valeur ajoutée.

« L’agriculteur du XXIème siècle, ce sera à la fois un producteur d’alimentation, de biodiversité et d’énergie renouvelables, ainsi qu’un stockeur de carbone », résume ainsi Florian Breton, Président de la Ferme Digitale, association de promotion de l’AgTech en France, et fondateur de la plateforme de de crowdfunding Miimosa. Aurélien Yol, confondateur de Diplepix, explique quant à lui dans une interview à La Tribune : « Il s'agit d'éviter par exemple de pulvériser préventivement les cultures mais de le faire au bon moment et en bonne quantité. En se numérisant, l'agriculture de précision va chercher des solutions pour se transformer en agriculture de haute précision ».

La start up, qui propose une solution pour contrôler en temps réel les champs et bâtiments pour l’élevage, a procédé à une levée de fonds d’1 M d'euros en 2019. Autre exemple de levée de fonds récente : Naïo Technologies annonçait en début d’année avoir levé 14 millions d’euros pour ses robots agricoles permettant d’effectuer des tâches pénibles et répétitives. Unigrains et Arvalis ont d’ailleurs récemment annoncé la création de la joint-venture Unilis Agtech, pour « accompagner les jeunes sociétés innovantes des agrotechnologies ». Ces investissements demeurent cependant marginaux en France, selon Florian Breton qui rappelle que « sur les 15 milliards d’euros levés dans l’AgTech en 5 ans, à peine 2% l’ont été en France […] 45% des investissements sont captés par les États-Unis et les 45% restants par l’Asie et l’Inde».

Les AgTech sont également un atout privilégié pour le développement de l’agriculture urbaine, avec des projets d’envergure. En temoigne le lancement de la première ferme urbaine de la startup Agricool sur une dizaine de containers en région parisienne : « Plus de 1000 points de mesure par seconde sont collectés et interprétés pour recréer les conditions idéales pour chacune des cultures (luminosité, hygrométrie, température etc..) en fonction du stade de développement de la plante ». Outre l’élargissement de sa gamme, la start-up ambitionne de nourrir « 1/3 des grandes métropoles développées d’ici 2030 avec des produits sains, locaux et cultivés de manière responsable ».

L’agriculture urbaine est en effet une autre évolution majeure du monde agricole. Selon les prédictions des Nations Unis, 2/3 de la population serait urbaine ou péri-urbaine d’ici 2050. Le déploiement de circuits courts et l’augmentation des surfaces de culture répondent à la fois aux besoins de la production alimentaire mais aussi de biodiversité. Fort de la digitalisation, le monde de l’agriculture pourrait aussi être amené à se rapprocher de ses consommateurs. Dans une interview à FranceTVInfo.fr, Jean Viard, docteur en sociologie, illustre d’ailleurs cette évolution avec un exemple très concret: « La Poste vient […] de créer des Chronopost "fresh" : vous pouvez commander à Paris un poulet qui gambade dans l'Aubrac pour qu'il arrive demain dans votre casserole […] le modèle est bousculé ».

 

Observatoire Agriculture et agroalimentaire, le 2 Avril 2020

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