Nombre d’entreprises doivent faire face à de plus en plus de défis : pénuries de matières premières, fortes attentes des salariés et de la société civile quant à leur « attitude responsable », nouvelles règlementations et méthodes de travail, etc. En parallèle, elles se doivent de garder un œil sur les indicateurs financiers, permettant d’avoir une vision de la performance de l’entreprise et de guider la prise de décisions stratégiques.

La comptabilité, qui permet de compter et de rendre compte, doit également s’adapter face à ces mutations, et devenir un levier de transition en s’emparant des préoccupations environnementales et sociales actuelles. Pour y parvenir, les entreprises ont besoin de méthodes.

Aujourd’hui plusieurs méthodologies proposant une nouvelle lecture des états de l’entreprise et de sa capacité à créer de la valeur cohabitent. C’est pourquoi ORÉE, le C3D et ORSE ont décrypté, aux côtés de leurs membres, les enjeux de l’évolution des systèmes comptables vers une comptabilité sociale et environnementale, et exposé un panorama de méthodes à disposition des entreprises (cf. : rapport « La comptabilité intégrée, un outil de transformation de l’entreprise à la portée de tous »). On parle alors de comptabilité intégrée, également appelée comptabilité triple capital, ou comptabilité multi-capitaux.

 

Une prise en compte progressive des externalités

Etant donné que l’activité de l’entreprise exerce des externalités positives ou négatives sur la société et la nature, elle se doit, de fait, de les prendre en considération afin d’évaluer les impacts qui pèsent sur son activité, et que cette dernière fait peser sur son écosystème.

Bien que la majorité des modèles comptables actuels se focalisent sur les capitaux financiers, les mentalités et règlementations évoluent. C’est pourquoi un certain nombre de pays développés ont progressivement demandé aux entreprises de rendre compte de leur usage des ressources naturelles et humaines, questionnant ainsi leur modèle d’affaires au regard des enjeux de développement durable.

Le rapprochement entre l’information financière et extra-financière se reflète en effet depuis plusieurs années au niveau règlementaire : divers travaux sont en cours afin d’harmoniser et de structurer la durabilité en Europe, telle que la Directive européenne sur le reporting de durabilité des entreprise (CSRD), la Taxonomie verte européenne ou encore le Règlement Disclosure (SFDR).

Au-delà de répondre à l’exigence du législateur, il s’agit pour les entreprises de réduire l’incertitude des investisseurs quant à d’éventuels risques sociaux ou environnementaux. Outre le fait de rendre compte de la création de valeur sociale et environnementale et de faire preuve de transparence au niveau des impacts, un des enjeux de la comptabilité intégrée est donc la légitimation des entreprises en matière de responsabilité sociale et environnementale envers l’opinion publique et ses parties prenantes.

 

Une recherche de méthodologie qui s’accélère

Afin de nourrir le reporting extra-financier d’un modèle comptable intégrant simultanément les capitaux financier, naturel et humain, il convient de s’accorder sur de nouvelles normes.

La France mène des travaux de recherche en matière de comptabilité intégrée depuis plusieurs années. Cependant, les différentes méthodologies, en cours d’expérimentation, n’adoptent pas les mêmes postulats, ne suivent pas la même application et n’aboutissent pas au même rendu.

Pour accompagner les entreprises à mieux se saisir des enjeux et des implications liés à la mise en œuvre d’une comptabilité triple capital, ORÉE, le C3D et ORSE ont auditionné des experts porteurs de cinq méthodologies de comptabilité intégrée et des entreprises les ayant expérimentées :

  • La méthode SeMA (Sense Making & Accountability) ;
  • La méthode de comptabilité universelle ;
  • Le modèle LIFTS (Limits and Foundations Towards Sustainability) ;
  • La méthode Thésaurus Triple Empreinte ;
  • Le modèle CARE (Comprehensive Accounting in Respect of Ecology).

La présentation complète de ces méthodes, les organisations concernées, l’approche comptable / business / filière, les étapes etc., sont à retrouver dans le rapport.

 

Des recommandations pour passer à l’action

Le rapport met également en lumière 5 recommandations quant à la mise en œuvre d’une comptabilité triple capital en entreprise :

  • Clarifier ses objectifs et définir un périmètre de réalisation: le choix de la méthodologie à adopter sera guidé par ces objectifs fixés et par la manière dont l’entreprise souhaite faire usage des résultats ;
  • Etablir une gouvernance: la répartition des rôles autour de ce projet permettra à chacun de s’en saisir et de l’intégrer au quotidien dans son métier ;
  • Faire preuve de pédagogie: le partage des objectifs et la bonne appropriation de la méthodologie en interne sont indispensables pour sa mise en œuvre et l’atteinte de ses objectifs ;
  • S’emparer des enseignements: il s’agit de transformer durablement l’entreprise et la prise de décisions ;
  • Inscrire la démarche dans le temps long : l’intégration des enjeux sociaux et environnementaux dans la comptabilité est une démarche qui doit s’inscrire avec une vision long terme, afin que ces méthodes fassent pleinement partie des outils de l’organisation.

De plus, ce sont différents métiers de l’entreprise qui doivent être impliqués dans la poursuite de cette ambition : la direction générale, la fonction finance ou encore le direction RSE.

 

Par ailleurs, l’obligation de reporting extra-financier, qui s’applique déjà aux grandes entreprises d’intérêt public de plus de 500 salariés, pourrait s’élargir, entre autres, aux PME de plus de 250 salariés à compter de l’exercice 1/1/2023 avec le projet de Directive CSRD, qui vise à créér un ensemble de règles pour amener les rapports de durabilité sur un pied d’égalité avec les rapports financiers. En France, cette directive viendra modifier l’actuelle DPEF (Déclaration de Performance Extra-Financière). Le domaine de la finance s’empare également de plus en plus des critères ESG, et travaille actuellement à définir un cadre adapté à la finance durable.

 

Observatoire Développement Durable en partenariat avec Orée le 20 décembre 2021.

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